Productions végétales

De la production à la transformation, les filières végétales sont présentes sur l’ensemble du territoire français et contribuent activement à leur attractivité et à leur dynamisme.  Localement, les productions végétales participent à la construction d’identités paysagères et culturelles fortes : rizière de Camargue, routes touristiques au cœur des vignobles, mirabelliers du Grand Est…

Plus encore, la diversité des productions végétales françaises contribue activement à garantir la souveraineté alimentaire française et européenne, tout en assurant la sécurité alimentaire mondiale. Alors que les crises Covid et la guerre en Ukraine ont profondément bouleversé les marchés des matières premières, les filières végétales ont été au rendez-vous pour fournir une alimentation sûre, qualitative, accessible et en quantité en France et à l’étranger.

Les productions végétales jouent aussi un rôle majeur pour atténuer les effets du changement climatique. Source de biomasse, le végétal sera indispensable à la décarbonation de l’économie française et des autres secteurs industriels. L’agriculture est attendue sur la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et sur l’accroissement les puits de carbone. Toutefois, il convient de rappeler que le partage des risques et des coûts de la transition agricole ne doit pas reposer uniquement sur les producteurs, mais doit, bel et bien, être soutenu par l’Etat, les acteurs des filières et les consommateurs. Aussi, dans un contexte de souveraineté et de croissance démographique mondiale, cette décarbonation ne doit pas se faire au détriment de la production.

Enfin, les productions végétales contribuent au maintien du solde positif de la balance commerciale agricole et alimentaire. Les boissons, et plus particulièrement les vins et spiritueux sont les produits les plus exportés par la France en valeur. Leur excédent commercial s’élève à 13,6 Md€ en 2023. Les céréales brutes consolident quant à elles, leur deuxième place et participent au maintien de l’excédent à hauteur de 7 Md€ en 2023.

Viticulture

La viticulture française occupe une place prépondérante à l’échelle mondiale et figure parmi les premiers producteurs mondiaux. Son poids économique est conséquent.

Seulement, le secteur connait depuis plus de 5 ans une succession de crises économiques et climatiques ayant pour conséquence :

  • Une baisse des exportations dans le monde à laquelle s’ajoute quelques sanctions économiques : Taxe Trump appliquée uniquement sur les vins français alors que les Etats-Unis constituent le premier marché importateur de vin. Taxe chinoise sur les cognacs
  • Une baisse de la consommation de vin notamment de vin rouge en France pour un motif de changement des habitudes de consommation (accentué par le covid 19 et l’inflation).
  • Une baisse de la production, selon les estimations établies au 1er novembre, la production viticole 2024 est estimée à 37 millions d’hectolitres, soit 23 % de moins qu’en 2023 et -17 % par rapport à la moyenne quinquennale.

Ces crises, d’abord conjoncturelles se transforment peu à peu en une crise structurelle. Les stocks s’accumulent et il devient plus qu’urgent d’épurer le marché.

Dans un contexte de crise structurelle, JA et les acteurs de la filière ont obtenu un plan d’aide pour l’arrachage définitif de la vigne, ce plan doit permettre d’apporter plus de visibilité aux jeunes qui souhaitent s’installer et plus de stabilité pour ceux déjà installés. Après plus d’un an de négociation, la Commission valide finalement le dispositif national d’aide à l’arrachage et le dote d’une enveloppe de 120 millions d’euros.  Le dispositif d’aide de 4000€ par hectare a été utilisé à hauteur de 109.8 millions d’euros et a pu bénéficier à 5418 agriculteurs.

JA s’intègre dans les débats relatifs à la restructuration du vignoble, à l’amélioration de sa résilience et à son adaptation aux attentes du marché.

  • JA a entrepris des travaux de réflexion au sujet de l’arrachage temporaire. JA est convaincu que la mise en place de l’arrachage temporaire permettra d’arracher des vignes non adaptées au marché et de replanter des vignes davantage en adéquation avec les attentes des consommateurs. L’arrachage temporaire doit aussi soutenir au mieux les exploitants qui souhaitent poursuivre leur activité, tout en offrant à ceux qui envisagent de céder leur exploitation la possibilité de contribuer sereinement au renouvellement des générations. Pour JA l’enjeux de l’installation est capital, la pérennisation des installations l’est d’autant plus. Le taux de maintien en viticulture en 2023 après 6 ans d’exercice est de 86 %, un taux plutôt correct mais bien inférieur à celui des installés en élevage bovin mixte, élevage bovin viande et en grandes cultures. Pour cause de changements climatiques, l’installation de jeunes se fait de plus en plus rare. C’est le cas dans les Pyrénées-Orientales.
  • La modification des habitudes de consommation : moins de repas à table, plus de plats à emporter généralement associés à un soda ou une eau, enjoint JA à revoir la segmentation du marché viticole dans sa globalité ainsi que les pratiques œnologiques. La désalcoolisation partielle et totale ne doit pas être écartée des pistes de réflexion. Les produits issus de ce procédé constituent une nouvelle opportunité commerciale et complémentaire sur le marché. En outre, ces produits pourraient également toucher de nouveaux consommateurs.
  • Enfin, JA défend le droit à l’expérimentation comme levier d’adaptation. Par droit à l’expérimentation JA entend que tout agriculteur a la possibilité de mettre en place sur son exploitation de nouvelles pratiques apportant une amélioration économique, sociale ou environnementale tout en ayant la possibilité de se prémunir d’un filet de sécurité. En viticulture, le droit à l’expérimentation s’il était appliqué pourrait accélérer les initiatives avec les cépages dit « variétés à des fins d’adaptation ». Mais dans les faits les producteurs sont peu nombreux à y avoir recours car le protocole de suivi scientifique dure 10 ans, sans garantie que le cépage soit maintenu dans le cahier des charges de l’appellation.

Appliquer le droit à l’expérimentation dans ce cas pourrait correspondre à compenser la perte de valeur du vin si la parcelle est déclassée en vin de France au bout des dix ans ou bien d’indemniser l’arrachage/replantation des parcelles du cépage concerné si l’autorisation est supprimée au bout de dix ans.

Le syndicat travaille aussi pour le maintien d’une prime à la plantation pour les vignes nouvelles réservées aux jeunes viticulteurs.

Fruits et légumes

Sous l’impulsion des syndicats et des organisations professionnelles agricoles, un plan de souveraineté en fruits et légumes a été lancé dès mars 2023 pour une durée de10 ans afin de réduire le déficit commercial de la France en la matière.  Il fixe un objectif clair et ambitieux : gagner 5 points de souveraineté en fruits et légumes dès 2030 et enclencher une hausse tendancielle de 10 points à horizon 2035. Ce plan vise notamment à renforcer la résilience des vergers, à s’équiper d’agroéquipements innovants, à accélérer la recherche et l’innovation, ainsi qu’à améliorer la protection des cultures. Pour JA, il est plus qu’impératif d’obtenir de la visibilité sur la tranche 2025 du Plan de Souveraineté Fruits et légumes, qui permettra de donner à la filière légume les moyens de s’adapter au changement climatique.

Secteur hautement demandeur de main d’œuvre, JA soutien les dispositifs de simplification à l’emploi et un allègement des charges employeurs dans un contexte où la main d’œuvre de fait de plus en plus rare. Depuis le 1 er mai 2024, le dispositif TO-DE a été amélioré à 1.25 SMIC contre 1.20 SMIC. JA martèle que cette mesure doit être entérinée et pérennisée en 2025. C’est essentiel pour apporter plus de visibilité aux employeurs agricoles.

Outre les coûts de main d’œuvre, les coûts de production restent encore élevés et entachent la compétitivité des productions françaises dans un univers européen et mondial très concurrentiel.

Enfin, JA est mobilisé pour défendre les filières mises en difficulté par le retrait de certaines matières actives, et rappelle que la compétitivité des productions françaises passera par le maintien des moyens de production. C’est le cas notamment de la noisette, de la cerise, de l’endive ou encore des pommes.

JA maintient que les agriculteurs doivent disposer de solutions techniquement efficaces, économiquement viables, socialement acceptables et respectueuses de l’environnement.

 

Grandes cultures

La campagne 2023-2024 a été particulièrement compliquée des semis jusqu’à la récolte, en raison de la pluviométrie, du faible rayonnement et d’un salissement des parcelles plus important. Les pluies régulières d’automne viennent également perturber les récoltes et les semis de la prochaine campagne.

La production de céréales à paille, de pois protéagineux et dans une moindre mesure de colza sont plus faible en volume qu’espéré. La moisson 2024 des céréales à paille est l’une des pires depuis 40 ans. Les exploitations grandes cultures sont soumises à une hausse des coûts de production, une baisse des rendements et des volumes alors que le prix de vente de leur production baisse. L’effet ciseaux s’amplifie.

Pour faire face aux mauvaises récoltes, JA a fait du soutien à la trésorerie, une priorité. A force de négociation, JA et les autres acteurs du secteur, ont obtenu des dispositifs financiers exceptionnels de garanties qui permettra de soutenir le financement de la nouvelle campagne. Une première étape a été franchie avec les annonces du ministère permettant aux agriculteurs ayant des problèmes de trésorerie ponctuels de bénéficier de prêts de court terme à taux bonifié.

Un prêt de consolidation à long terme (maximum 12 ans), pourra également être octroyé par les établissements bancaires, adossés à une garantie publique dont le montant est plafonné à 200 000 €.

JA se bat également pour la protection du marché européen. Les ATM Ukraine ont été déclenchées pour l’avoine, le sucre, les gruaux mais d’autres cultures comme le blé, l’orge ou le maïs ne sont toujours pas concernées. Le soutien à l’Ukraine est incontestable et nécessaire mais ne doit pas se faire au détriment de l’agriculture française.

JA a également montré sa vive opposition à la signature de l’Accord avec le Mercosur. JA ne peut accepter le principe de négocier des denrées alimentaires contre d’autres marchandises. Les productions végétales sont très nettement pénalisées. Le maïs, le riz, le sucre sont les principales matières premières agricoles impactées. En cascade, le secteur de la transformation est lui aussi particulièrement impacté par ce projet à travers 4 secteurs : l’amidonnerie, la production d’éthanol, la semoulerie de maïs et la nutrition animale.

Enfin, les grandes cultures sont de plus en plus soumises aux effets du changement climatique. JA martèle qu’il est impératif de sécuriser un cadre juridique en faveur des nouvelles technologies, notamment en ce qui concerne les NGT. Les NGT sont un outil parmi d’autres et complémentaires des méthodes classiques de sélection variétale, permettant de gagner plusieurs années de recherche. S’agissant des NGT, les pays européens encaissent près de 25 ans de retard par rapport aux autres pays du monde. Le Japon, les Etats-Unis, le Brésil ou encore l’Argentine ont clarifié leur réglementation sur les variétés obtenues avec NGT et donnent des autorisations de mise sur le marché similaire à celles données aux variétés conventionnelles.

Conclusion :

Pour assurer la pérennité des productions végétales JA continue de travailler pour une meilleure gestion des risques au sein des exploitations. Avec une succession d’aléas climatiques et sanitaires, les mauvaises années tendent à se répéter, la moyenne olympique chute également, décourageant de nombreux agriculteurs à souscrire une assurance. Le travail de JA se poursuit, afin d’améliorer en continu le système assuranciel pour le rendre plus efficace. Surtout, JA souhaite que les aléas non garantis mais induits par un aléa climatique bénéficient d’une meilleure reconnaissance. JA s’implique également pour actualiser la définition du rendement historique, une solution temporaire, néanmoins, nécessaire.  Les risques économiques et géopolitiques pèsent aussi fortement sur la ferme France. JA s’engage pour que les conséquences induites par ces décisions politiques et commerciales nationales comme européennes ne soient pas supportés par les agriculteurs.

In fine, la meilleure assurance récolte reste de laisser aux agriculteurs les moyens de produire (eau, phytosanitaires, ressources…).

Enfin, JA participe à la création de conditions favorables pour que les agriculteurs puissent valoriser les services environnementaux et sociaux qu’ils rendent à la société : protection des ressources, préservation et développement de la biodiversité, entretien des paysages… Le syndicat a d’ailleurs co-fondé « France carbone agriculture », pour permettre aux agriculteurs de valoriser leurs crédits carbone auprès des entités privées ou publiques qui souhaitent décarboner leur activité.