De retour sur la ferme familiale, Baptiste Pineau a engagé une mutation environnementale qui va déboucher sur la création d’un verger bio.
Le but de Baptiste Pineau ? « Rendre nos clients fiers de venir chez nous. » En janvier 2015, il s’installe sur la ferme familiale à La Boissière-de-Montaigu, au Nord de la Vendée. Une exploitation largement diversifiée : la production principale (22 ha de pommiers avec transformation en jus) est complétée par 21,5 ha de céréales et de chanvre, une troupe ovine et 20 000 poules.
Comment donc rendre les clients « fiers » ? « En leur montrant que nous sommes capables de faire les choses bien », résume Baptiste. Aux vergers du Galichet, le jeune arboriculteur et son père ont compris tout l’intérêt de la certification.
Ils adhèrent comme 1 200 producteurs à la charte Vergers écoresponsables (anciennement Production fruitière intégrée, PFI). Basée sur l’observation, la lutte intégrée consiste à privilégier le biocontrôle, en réservant les traitements de synthèse au dernier recours. Un exemple ? Pour contrer le carpocapse (un papillon ravageur), les arboriculteurs diffusent des phéromones (confusion sexuelle), les empêchant de se reproduire. Une pratique qui prouve qu’écologie et agriculture peuvent cohabiter. « Avant nous utilisions des insecticides, raconte le jeune producteur. Nous avions en plus des problèmes d’acariens, car les traitements affectaient la faune auxiliaire. Depuis que nous pratiquons la confusion sexuelle, nous n’utilisons plus d’insecticide et nous n’avons plus d’acariens ! »
Autres pratiques : l’enherbement des inter-rangs ou encore la mise en place de nichoirs. Cette mutation environnementale a commencé avant l’installation de Baptiste. En 2013, après avoir parcouru les fermes australiennes pendant huit mois, il est revenu comme salarié à la ferme familiale.
L’exploitation arbore aussi le label vert de Vendée, qui reconnaît les efforts faits dans la gestion des déchets et de l’environnement. Et bientôt, espère Baptiste, le label Haute valeur environnementale (HVE). « Une démarche qui correspond bien à notre approche globale de l’exploitation. Nous ne cherchons pas à grossir, mais plutôt à aller vers la qualité et vivre de ce que nous faisons. »
L’autonomie par la vente directe et la production d’énergie. Son cheval de bataille ? L’autonomie. « Toutes les marges échappent aux agriculteurs. Nous sommes indépendants, nous gérons et valorisons la quasi-totalité de notre production par nos propres moyens. Il faut connaître ses coûts de production, être maître de sa commercialisation et savoir dire non quand les prix proposés sont insuffisants. » La vente directe de pommes et de jus représente 10 % du chiffre d’affaires de l’atelier (le reste est vendu à un grossiste et à deux grandes surfaces). D’où la volonté de Baptiste et de Philippe, son père, de développer encore la transformation, en offrant par exemple du pétillant de pommes. Avec 100 000 litres produits par an, l’activité de transformation connaît une croissance « à deux chiffres ». Il faut dire que leur jus de pommes-poires a remporté une médaille d’argent au Concours général agricole en 2016… Pour le goûter, mieux vaut habiter en Vendée, car les deux associés s’efforcent de « vendre le plus possible en local ».
Cette recherche d’autonomie passe aussi par la production d’énergies renouvelables. Un hangar de l’exploitation est déjà équipé d’une toiture photovoltaïque. Mais la famille Pineau veut aller plus loin en produisant et en auto-consommant leur propre électricité solaire. « Nous avons plein de projets en même temps », s’enthousiasme encore le jeune arboriculteur. L’année prochaine, il plantera 1 ha de verger bio. Baptiste en est convaincu : la pomme de demain sera écolo. « Je crois que, petit à petit, les producteurs de pommes vont glisser vers la production intégrée. Or, les méthodes de la PFI viennent de la bio. Notre futur verger bio va donc aussi nous aider pour la partie conventionnelle. » Une forme de revanche pour le fruit le plus consommé en France, souvent pointé du doigt dans les émissions consacrées aux pesticides. Faire mieux ? Pas le choix pour Baptiste. « Nous sommes à proximité du bourg de notre commune, nous nous devons d’être exemplaires dans nos pratiques pour que la population locale garde une bonne image de l’agriculture. »
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