Comment le groupe RAGT peut-il être défini en 2019 ? Historiquement, le groupe RAGT se tient sur deux pieds. D’un côté, il y a l’activité de négociant autour de la zone Aveyron-Tarn et, de l’autre, le métier semences à l’échelle internationale. Aujourd’hui, il y a 400 salariés sur le négoce régional et 800 à 850 sur la branche semences. Parmi ces derniers, 300 sont dédiés à la recherche. RAGT semences développe des varié- tés pour 26 espèces en grandes cultures. Notre mission est de proposer des solutions à toutes les agricultures. Notre grande palette d’espèces nous permet d’avoir une vision complète de l’exploitation agricole. Pour comprendre l’ADN de l’entreprise, il faut savoir que les actionnaires sont tous issu du milieu agricole. Il s’agit des descendants des agriculteurs qui ont fondé la coopérative, mais aussi le Crédit agricole régional ou encore InVivo. Ils connaissent bien le secteur agricole et sont présents sur le long terme. Cela a permis un développement important du groupe, car la grande majorité des bénéfices a été réinjectée dans la société.
En tant qu’un des grands acteurs de l’agriculture française, comment voyez-vous les enjeux auxquels elle sera confrontée à l’avenir? L’enjeu principal réside dans le fait que les agriculteurs se maintiennent en nombre sur le territoire et qu’ils puissent vivre dignement de leur métier. Il sera également nécessaire à l’avenir de faciliter la vie des exploitants agricoles. Ce sont des gens qui travaillent énormément et ils ont le droit d’avoir du temps pour eux, pour leur famille et pour leurs loisirs. Dans le climat actuel d’agri-bashing, il serait d’autant plus important que la société française se rende compte de cette réalité. Aujourd’hui, les attentes des consommateurs se tournent vers des tendances comme l’absence d’utilisation de produits de synthèse. Par rapport à ces réflexions, chez RAGT, nous essayons de développer des espèces qui vont permettre aux agriculteurs de répondre à cette attente sociétale tout en conservant une qualité de vie importante sur leur exploitation. Par exemple, la recherche sur la résistance aux parasites, pour limiter – quand cela est possible – l’utilisation de produits de synthèse, est quelque chose d’essentiel pour nous. C’est une lutte permanente, car, à chaque résistance développée, le parasite va avoir tendance à la contourner par un système évolutif.
Le réchauffement climatique est un autre enjeu auquel va devoir répondre l’agriculture. Quelles solutions peut apporter la recherche variétale? Nous travaillons évidemment sur la résistance à la sécheresse, mais aussi sur des sujets comme la captation du CO2. Il faut bien se rendre compte que nous sommes sur des métiers de longue haleine. Il est rare d’amener une variété en moins de six ou sept ans. Cette période peut monter à 15 ans pour les fourragères. Il est important de garder à l’esprit OGM, perte de biodiversité, etc. ». C’est in- croyable comme en 40 ans l’image de notre métier a été complètement dégradé. Au-delà de notre métier, je pense que ça rejoint une tendance plus général de la société vis à vis de la science. Ce qui est étonnant, c’est que notre travail est fait à 90%, voire 95%, de manière très traditionnelle. On croise des plantes, on les observe sur le terrain. La sélection variétale se passe dans les champs, quoi qu’on en dise. Après, on utilise toutes les avancés de la génétique et des nouvelles technologies pour mieux comprendre et mieux faire notre métier. Le groupe RAGT s’adapte aux choix sociétaux, comme l’interdiction des OGM. Par contre, ceux qui seront pénalisés, ce seront les agriculteurs. Eux vont être en concurrence avec d’autres producteurs à l’international qui ont accès à ces outils-là.
Le groupe RAGT a noué deux partenariats avec JA. Quels en sont les objectifs? Il y a un peu plus d’un an, nous avons eu l’occasion de rencontrer le bureau national de JA. À cette occasion, nous avons échangé sur notre vision de l’agriculture et sur le souhait qu’avaient les JA de faire de la communication positive sur leur métier. Il nous a semblé que cette initiative était particulièrement intéressante. C’est pour- quoi nous avons décidé de participer au fonds Terres innovantes. Le nom de ce projet n’est pas totalement innocent pour nous, puisqu’il évoque l’innovation. Un sujet qui fait partie de la culture intrinsèque de RAGT. Ce qui rejoint le second partenariat, pour lequel notre groupe va accompagner localement les sections de JA qui réfléchissent sur l’innovation. C’est un échange à double sens. Nous pouvons d’une part apporter des réponses et, d’autre part, entendre ce que les agriculteurs souhaitent et les difficultés auxquels ils sont confrontés. Ces remontées pourront ensuite être inclues dans nos propres programmes d’innovation.
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