Jeunes Agriculteurs des Alpes-Maritimes organise des marchés itinérants dans une quinzaine de communes. Un débouché important pour Thierry Fleury, apiculteur et responsable de ces marchés «100 % JA».
L’histoire commence en 2012. Jeunes Agriculteurs des Alpes-Maritimes organise sa fête annuelle à la station de ski de Valberg. « Quelques mois plus tard, le maire, très content, nous recontacte et nous demande de refaire quelque chose dans sa commune, raconte Thierry Fleury, apiculteur à La Bollène-Vésubie. Nous ne pouvions pas refaire une fête. Mais ça nous a donné l’idée d’organiser des marchés itinérants.» Deux ans plus tard, la première édition voyait le jour dans une dizaine de communes. Légumes, fromages, miel, confitures, poulet, olives, etc. D’avril à octobre, une dizaine de jeunes agriculteurs ont ainsi pu vendre directement leur production.
Un nouveau débouché loin d’être négligeable. Responsable des marchés itinérants depuis 2015, Thierry y réalise « 25 % de ses ventes directes de miel et 2 à 3 % de celles de reines et d’essaims». Sa compagne est installée comme agricultrice, tandis que lui a le statut de conjoint collaborateur. Leur particularité ? En plus de la production de miel, ils élèvent des reines, qu’ils revendent à d’autres apiculteurs (lire ci-contre). Les marchés itinérants de JA 06 ont donné un coup d’accélérateur à leur activité. « Sur ces 25 %, la moitié est réalisée hors du marché» : des clients devenus fidèles lui commandent du miel plus tard dans l’année. Installé à la montagne, Thierry les livre en hiver, en même temps qu’il fait transhumer ses ruches à Menton, sur le littoral.
Un moyen pour promouvoir l’agriculture locale. Au-delà des ventes sur place, ces marchés ouvrent donc de nouveaux débouchés aux jeunes participants. « Chaque année, nous rencontrons au moins un commerçant intéressé par nos produits, souligne Thierry. Nous avons ainsi rencontré le directeur d’une supérette qui va bientôt ouvrir. Il recherche des produits locaux et est intéressé par les produits de nos JA. Des débouchés importants sont là, les marchés itinérants nous permettent de les voir.» Les marchés itinérants permettent aussi de « promouvoir notre agriculture locale et de développer une clientèle de proximité». Le département compte 900 agriculteurs, dont plus de 60% pratiquent la vente directe. « Les gens d’ici veulent manger maralpin (des Alpes-Maritimes, NDLR), mais c’est parfois compliqué de trouver un producteur. » Un exemple ? Ces clients qui ont parcouru plus de 150km pour acheter du fromage de chèvre chez un producteur rencontré au marché…
Bref, consommateurs et producteurs, deux mondes qui se désirent, mais n’arrivent pas à se rencontrer. Pour que le coup de foudre opère, « la communication est primordiale ». Sur ses fonds propres, JA 06 imprime flyers, affiches et banderoles (2 000 € par an). Parfois, les marchés itinérants se greffent à des fêtes existantes. « Nous essayons de garder les mêmes dates dans les mêmes communes pour créer des habitudes chez les consommateurs.»
« La communication est primordiale». « Nous demandons de plus en plus aux communes de faire de la com’ en amont des marchés », précise Thierry. En contrepartie, les JA doivent tout faire pour que le marché soit un succès. « Nous devons être au minimum six producteurs, insiste-t-il. Si nous sommes moins, nous risquons de décevoir la commune et les clients. Il faut obligatoirement un maraîcher et un producteur de fromages, c’est la base !» Les marchés itinérants JA sont donc ouverts à tous les adhérents, sans aucune sélection. « Ça ne pose aucun problème s’il y a deux fromagers ou deux apiculteurs par exemple…» Par ailleurs, la participation est gratuite pour les exposants. « Nous négocions la gratuité des emplacements avec les communes, en mettant en avant le fait que nous fournissons une animation et faisons venir du monde.» Le groupe s’est imposé des règles : les produits vendus par les jeunes doivent obligatoirement provenir de leur exploitation, « nous nous réservons le droit de venir vérifier ». Des pénalités sont prévues pour les éventuels exposants qui s’inscrivent, mais ne viennent pas sans prévenir.
Thierry prépare les marchés en tandem avec l’animatrice de JA 06, rencontre les mai- ries, dispose les producteurs. « Un arrêté municipal avec les emplacements est nécessaire, explique-t-il. Et c’est devenu plus compliqué cette année depuis les attentats… De plus, les élus municipaux viennent au marché, il est important de dialoguer avec eux, afin de leur expliquer les réalités du terrain, car certains d’entre eux siègent dans des commissions en rapport avec l’agriculture ». L’enjeu n’est pas donc pas uniquement commercial. C’est pourquoi JA 06 a choisi de « d’inscrire en priorité les exposants qui jouent le jeu». Le groupe affine toujours plus son organisation, en essayant de mettre en place des remplaçants quand les exposants ne peuvent pas être présents. L’objectif pour 2017 : « Faire une vingtaine de dates.»
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