Dans la vallée de l’Authion, Cédric Lambert cultive des semences potagères et des porte-greffes pour arbres fruitiers. Une production cousue main. À l’est d’Angers, la vallée de l’Authion est reconnue pour ses semences potagères. Ici, les terres sableuses et la douceur du climat font le bonheur des carottes, salades et autres poireaux. À Beau- fort-en-Vallée, Cédric Lambert perpétue cette tradition… avec un petit quelque chose en plus : il produit des porte-greffes pour arbres fruitiers.
« Mon exploitation comporte 14 cultures et 25 espèces», lance-t-il d’emblée. Ses productions? Des céréales (blé, avoine, tournesol), des semences, principalement potagères (carottes, chicorée, chou, fenouil, haricot, laitue, mâche, poireau, maïs et pois), des plantes médicinales (bardane, achillée). Ainsi que les fameux porte-greffes (pommier, poirier, prunier, pêcher, etc.), qui occupent une pépinière en plein champ de 5 ha. Une production secondaire dans cette ferme de 100 ha ? Pas vraiment : « La pépinière occupe 6 % de ma surface, mais réalise la moitié de mon chiffre d’affaires. »
En avril 2015, quand ce fils d’agriculteur reprend cette exploitation, il ne connaissait pas cette production atypique. Il a pu compter sur le soutien de son cédant et de ses salariés, dont l’un était présent depuis dix ans. Le principe? Mener des jeunes arbres comme une culture annuelle. L’implantation se déroule en mars et avril, par semis ou plantation selon les espèces. Un labour préalable est indispensable, car les racines doivent être droites. Ensuite, le principal travail consiste à désherber la parcelle. Cédric a peu recours aux herbicides, car « les plantes le supportent mal et perdent de la hauteur, or c’est ce que l’on recherche. » Mais convaincu que « chaque méthode a son intérêt», il combine les différents moyens de lutte : mécanique (herse étrille, bineuse), chimique… et surtout manuel.
Une production gourmande en main-d’oeuvre. La pépinière demande énormément de main- d’oeuvre : c’est le premier poste de charges de cette production. La récolte est réalisée par une machine qui arrache les jeunes plants. Mais la présence d’un opérateur est nécessaire pour conditionner au champ. Les plants sont récoltés chaque jour d’octobre à fin janvier, selon les commandes. Une fois récoltés, les porte-greffes sont triés, encore manuellement. Leur calibre au niveau du collet doit être situé entre 3 et 5 mm. Autres exigences : une racine parfaitement droite et un état sanitaire irréprochable. Les plants sont ensuite « mis en jauge », c’est-à-dire plantés de nouveau par paquets de 25 puis arrosés. En attendant leur commercialisation sous la marque Pep’Seed créée par Cédric.
« Quand nous le pouvons, nous expédions juste après la récolte. Nous pouvons récolter 6 à 10 000 plants par jour. Mais, parfois, on nous commande 50 000 plants!» Les clients de Cédric, ce sont une trentaine d’autres pépiniéristes situés dans toute la France. Ils réaliseront la greffe, avant de vendre les plants à des arboriculteurs. À raison de 18 à 50 centimes par plant, la pépinière représente un chiffre d’affaires de 180 à 250000 €.
Nouvelles technologies et gestion d’entreprise. Au-delà de la production, le jeune cultivateur doit aussi gérer le volet commercial, les stocks, les commandes, superviser ses salariés (trois permanents et une vingtaine de saisonniers), etc. « La première année, c’était sport!», résume-t-il. Heureusement, c’est la deuxième installation de Cédric, qui a mené de front une exploitation et un poste de responsable hybride chez Monsanto de 2004 à 2009. Il a ensuite été technicien semences potagères chez Terrena (de 2010 à 2015).
« Sans ces expériences, qui m’ont apporté énormément en gestion d’entreprise, je n’aurais pas pu reprendre cette exploitation.» Il s’est équipé d’un logiciel de gestion globale, qui suit toute la chaîne de expéditions. Féru de nouvelles technologies, Cédric a acquis un robot de désherbage et utilise un guidage par GPS et une station météo connectée. Les premières pierres de la ferme connectée dont il rêve.
L’agriculteur de 36 ans n’a pas le droit à l’erreur : il a investi 850000 € pour racheter l’exploitation. C’est pourquoi il mène ses projets prudemment. Son premier objectif ? Améliorer l’organisation pour pouvoir mieux planifier les travaux.
« Mon but est que la ferme puisse continuer à tourner s’il m’arrive quelque chose ou si je suis en vacances.» Il pourra alors développer la pépinière et relancer la culture de plants de rosiers, abandonnée lors de son installation car peu rentable. « Il y a le potentiel, le terroir et les clients. Je réessaie tranquillement en me donnant quelques années pour apprivoiser cette culture.»
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