Georges Magny est installé depuis trois ans en grandes cultures en Charente-Maritime. Passionné par la distillation, il a repris une activité méconnue : celle de distillateur ambulant.
Il y a trois ans, Georges Magny a repris l’exploitation de son grand-père. « La passion a sauté une génération », raconte le jeune homme. Après un bac Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant (STAV), il s’installe sur 54 ha (40 ha de l’exploitation de son grand-père et les autres achetés à des exploitants). « Je suis installé en production céréalière. Je produis du maïs, du blé tendre, du blé dur, du tournesol et, depuis cette année, des lentilles. » Georges a également obtenu un BTS Viticulture-oenologie en apprentissage avec une spécialité distillation. « Cela a été une grande découverte pour moi. Je me suis pris de passion pour la distillation. » Un métier en voie de disparition : il est exercé par près de 500 personnes sur l’ensemble du territoire français et par trois distillateurs en Charente-Maritime.
Alambic ambulant. Georges a toujours vu un distillateur ambulant passer par son village. « C’est un ancien ferronnier qui a repris un alambic dans les années 50. Mais, âgé de 82 ans, il a décidé d’arrêter l’année dernière. J’ai sauté sur l’occasion pour reprendre l’activité. » Cependant, la passation n’a pas été simple pour l’ancien distillateur qui a eu du mal à quitter le métier d’une vie. « Physiquement, il ne pouvait plus continuer, mais la transmission a tout de même été compliquée. Nous avons échangé sur son activité quand j’étais un de ses clients, mais je n’ai jamais réalisé de tournée avec lui. »
Heureusement, le jeune agriculteur réalisait déjà depuis plusieurs années des campagnes de distillation à Cognac. Début juin, le jeune exploitant a effectué sa première campagne de distillation durant 15 jours. « J’ai eu près de 15 clients cette année. C’est positif, même si j’espère en avoir une trentaine pour rentrer dans mes frais. Les distillateurs ambulants sont autorisés à exercer entre le 15 septembre et le 31 juillet. »
Méthode artisanale. Georges espère attirer de nouveaux clients grâce au bouche-à-oreille, même s’il y a de la concurrence. « Nous sommes deux dans le même secteur. Mon collègue a également repris une activité l’année dernière. » L’alambic de Georges date de 1946, il peut contenir 250 litres et il fonctionne au feu de bois. « Je distille seulement du liquide. Il faut que les clients pressent eux-mêmes les fruits ou les raisins qu’ils m’amènent. C’est la contrainte de mon alambic qui n’est pas de première jeunesse. Ensuite je produis de l’eau de vie. »
Ce qui motive Georges dans cette activité de diversification, ce sont avant tout les rencontres. « C’est une occasion d’aller à la rencontre des gens et, pour moi, de sortir de mon exploitation. Dans les villages, c’est un événement de voir un distillateur ambulant s’installer durant une journée. J’essaye de perpétuer cette tradition, même si de moins en moins de personnes cultivent des parcelles de vignes, contrairement aux arbres fruitiers. Il faudra sûrement que je m’adapte durant les prochaines années. » Avec cette activité complémentaire, l’exploitant ne se verse pas encore de salaire. « J’ai eu des récoltes difficiles et je viens d’investir dans l’alambic. Actuellement, je gagnais de l’argent grâce aux campagnes de distillation à Cognac. J’espère que l’activité de distillateur ambulant me dégagera un salaire. Je suis certain que l’activité va se développer. Tous les clients ont été convaincus par la qualité de mes produits ! »
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