Marion Alloteau a fait plusieurs métiers comme secrétaire ou libraire avant de trouver sa voie et de s’installer sur la commune de la Chapelle-Souëf sur une exploitation laitière dans l’Orne.
Nous sommes le 25 avril 2017, Marion Alloteau a troqué son bleu de travail pour une tenue entièrement rose. La jeune femme doit se rendre à la remise du chèque donné par Perche Rose à la ligue contre le cancer : « Je suis contente que le projet se termine aussi bien et que nous ayons récolté une somme aussi conséquente (37 000 €). J’ai décidé de faire honneur à notre initiative en m’habillant en rose » (plus d’information sur le projet Perche Rose dans la rubrique Le portrait du n°738 du JA mag). Marion, est aujourd’hui une femme accomplie, qui arrive à partager son temps entre son exploitation et des initiatives comme Perche Rose, mais sa vocation d’éleveuse est arrivée sur le tard : « Mes grands-parents étaient agriculteurs, mais ils ont arrêté d’exploiter quand j’avais cinq ans. J’ai d’abord fait un BTS Management des unités commerciales, mais j’ai difficilement trouvé du travail après mes études. J’ai d’abord été secrétaire puis libraire. Je pense que c’est une chance d’avoir pratiqué des métiers en dehors de l’agriculture. Cela permet d’avoir une ouverture d’esprit que je n’aurais peut-être pas eu. J’ai adoré le contact que j’avais avec les clients. Je crois que c’est ce qui me permet d’avoir un contact facile avec tout le monde. » La jeune femme décide de changer d’orientation professionnelle et de se diriger vers l’agriculture : « Mon concubin, Anthony, a des parents agriculteurs et il avait comme projet de s’installer depuis longtemps. Cependant, il travaillait déjà en tant qu’ouvrier agricole. L’idée de m’installer a commencé à me trotter dans la tête. J’ai fait un BPREA à Laval pour me mettre à niveau pour découvrir le métier d’éleveuse. Les stages que j’ai pu faire m’ont confortée dans ce choix et je me suis lancée. » Marion a découvert lors de ses expériences un amour des animaux : « J’aime la relation que j’ai avec les animaux. C’est une chance de travailler avec des vaches au grand air. J’ai trouvé ma vocation. » En 2013, la jeune éleveuse trouve une exploitation à reprendre à la Chapelle-Souëf dans l’Orne : « Entre 2013 et avril 2015, nous avons eu de nombreuses complications administratives qui ne m’ont pas permis de m’installer. »
Amour des animaux. En avril 2015, Marion s’installe sur le domaine de la Saltière : « Le nom vient du sel stocké sur le domaine. » Le projet de l’éleveuse était réfléchi : « Malgré le contexte difficile pour les éleveurs, c’était le moment ou jamais de s’installer. Il fallait seulement réfléchir au projet en amont. J’ai fait un prêt de 270 000 € et surtout, j’ai très peu investi dans le matériel. J’ai récupéré de vieilles Someca du père d’Anthony qui font l’affaire. » Au départ, l’éleveuse s’installe avec 36 vaches principalement de race prim’holstein : « J’en ai environ 60 aujourd’hui. ». Cependant, Marion n’arrive pas à respecter le quota de 730 000 l, qu’elle doit fournir à Bel : « Nous avons un contrat avec la laiterie Bel qui comprend que pour le moment, nous ne pouvons pas atteindre notre quota. Notre exploitation est jeune. Il va falloir un peu de temps. » L’exploitante a aujourd’hui un UTH et deux stagiaires qui travaillent sur le domaine : « Mon compagnon travaille aussi sur le domaine et deux jeunes de 15 et 16 ans sont en stage. C’est un très bon exercice pour apprendre à manager et faire partager sa passion. Nous avons également une stagiaire en ethnologie qui fait une étude sur l’intégration des génisses au moment du vêlage. C’est un projet très intéressant et cela nous permet de rencontrer des personnes de divers horizons. » L’éleveuse effectue les vêlages durant le printemps : « Nous avons une trentaine de génisses. Et nous avons en moyenne 25 vêlages par mois. C’est un renouvellement très faible. » Marion entretient une très bonne relation avec ses animaux : « J’aime passer beaucoup de temps avec mes animaux, j’aime être présente lors de chaque naissance, c’est un moment avec une forte émotion. C’est une chance de travailler au grand air dans un cadre magnifique. » La jeune éleveuse essaye de changer les idées reçues sur l’élevage : « Beaucoup de personnes se plaignent du bien-être animal alors qu’ils ne savent même pas réellement comment les animaux sont élevés. Mes animaux ne sont pas stressés, on les manipule calmement. J’écoutais une émission de radio dans laquelle l’élevage était critiqué. J’étais révoltée ! J’ai donc pris mon téléphone et j’ai décidé de parler des bonnes pratiques d’élevages. Nous devons témoigner sur notre métier et ne pas laisser les autres parler à notre place. »
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