Les cessions de contrats laitiers fleurissent sur les sites d’annonces et dans la presse agricole départementale dont le prix est parfois exorbitant. Je m’étonne de ces ovnis juridiques : nos concurrents européens souhaitaient l’abolition du régime des quotas notamment pour des raisons de coûts. Une fois de plus, la France va à l’encontre de ce que font l’ensemble de nos concurrents. Comment peut-elle rester dans la course en se donnant des règles différentes ? Nous nous tirons une balle dans le pied dans le plus grand des silences !
La pratique de cession de contrat de gré à gré qui consiste in fine à restructurer l’amont, à la charge des éleveurs, doit être interdite. Nous nous battons depuis plusieurs mois face à cela et nous l’avons clamé de nombreuses fois, comme en avril dernier.
Je ne peux pas tolérer ce choix qui est fait et qui reçoit d’ailleurs la bénédiction de certaines entreprises laitières privées, voire même coopératives. Ces dernières donnent leur feu vert aux éleveurs pour vendre leur contrat. Elles devraient se préoccuper davantage de l’installation des jeunes. La marchandisation des contrats laitiers va entraîner des coûts supplémentaires pour les jeunes qui sont de moins en moins nombreux à s’installer chaque année dans cette filière. Alors que les prévisions tablent sur une réduction d’un tiers du nombre d’exploitations laitières entre 2010 et 2020[1], nous venons de trouver une nouvelle raison pour freiner les ambitions des jeunes et leur volonté d’entreprendre.
Nous souhaitons que les contrats soient négociés collectivement et que les volumes soient gérés par les organisations de producteurs (OP). Quand un éleveur souhaite céder son contrat, c’est à son OP de trouver un débouché à ce volume.
La contractualisation en lait de vache est encore à ses débuts et nous devons trouver les bonnes orientations pour permettre à l’ensemble de la filière de créer de la valeur ajoutée, de la répartir équitablement et d’installer des jeunes. J’attends le rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux sur la contractualisation en filière laitière. J’espère qu’il nous apportera des pistes de réflexions, notamment à la veille de la négociation des nouveaux contrats. En attendant, veillons à apporter un peu de clarté dans ce flou juridique.
[1]Les zones de polyculture-élevage devraient enregistrer des replis allant de – 40 % à – 55 % pour le Sud-Ouest
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