Le 15 février, l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada (CETA) a été ratifié à une large majorité par le Parlement européen (408 voix pour, 254 voix contre et 33 abstentions). Ce vote montre à quel point l’Union européenne manque de vision stratégique vis-à-vis de son agriculture.
Quels objectifs cet accord cherche-t-il à atteindre ? Les accords commerciaux se multiplient sans que la somme de leurs effets soit étudiée. Le Ceta ouvre la porte à des volumes de viande porcine et bovine qui entrent directement en concurrence avec la production européenne sans pour autant bénéficier des mêmes conditions d’élevage, comme l’a montré l’étude d’impact réalisé par l’Institut de l’élevage, l’Ifip et AgroParisTech. Pourquoi mettre en concurrence des produits, qui ne sont pas issus de la même organisation de filières et qui ne sont pas soumis aux mêmes règlementations ?
Si les eurodéputés français semblent avoir compris les enjeux du traité (seuls 16 d’entre eux ont voté en faveur du traité sur 74 au total), nous ne pouvons en dire de même de leurs collègues européens et de tous ceux qui ont œuvré à la ratification du Ceta. Mettre en place une stratégie commerciale alors même que la stratégie agricole européenne se cherche toujours ne va pas améliorer les conditions des agriculteurs.
La PAC actuelle est incapable de relever les défis posés : vieillissement de la population d’agriculteurs, volatilité des prix, crises sanitaires, etc. On ne peut marchander les produits agricoles alors même qu’il n’y a pas de stratégie agricole forte !
Il est urgent que l’Union européenne mette en cohérence ses politiques et construise une PAC capable de sécuriser le revenu des agriculteurs, de leur donner de la visibilité pour permettre le renouvellement des générations. Aujourd’hui ces idées sont très présentes dans les discours mais quand il s’agit de passer au vote sur des dossiers tels que le Ceta, ces mêmes idées sont bafouées.
Nous ne sommes pas opposés aux échanges commerciaux, nous demandons à ce que les produits agricoles ne soient pas marchandés comme des biens manufacturés.
Espérons désormais que ce traité qui porte un coup à l’agriculture française ne soit pas ratifié par les parlements nationaux.
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