Les mobilisations de cet hiver auront été pour moi un défi considérable, à un moment où ma décision était déjà prise de ne pas briguer un nouveau mandat lors du congrès électif de Jeunes Agriculteurs qui se tient du 4 au 6 juin prochain au Futuroscope. Nous avions eu à cœur de mettre toute notre énergie, sans compter, pour travailler et représenter notre réseau face au Gouvernement, sur des dizaines de plateaux TV ou radio, partout où nous pouvions faire avancer la cause.
Loi d’orientation agricole, EGAlim, simplification, transmission des exploitations, contrats et plans d’avenir, etc., les chantiers pour l’avenir des nouvelles générations ne manquent pas. Ils sont même nécessaires pour leur fixer un cap pour les prochains mois, et prochaines années. Mais il y a aussi un travail plus existentiel à opérer.
Nous avons poussé un grand cri du cœur. Maintenant, il faut prendre la place qui est la nôtre dans nos entreprises, syndicats et autres organisations représentatives pour ne rien lâcher. C’est tout le sujet de la table-ronde du dernier jour de notre congrès qui sollicitera les voix de jeunes agriculteurs, d’experts et du ministre de l’Agriculture.
Cet engagement indispensable des jeunes, qui me préoccupe aujourd’hui, était au cœur de la démarche que j’ai mise en place lorsque j’étais Secrétaire Général pour reclarifier la vocation de notre syndicat. A cette occasion, nous avions décidé de notre nouveau slogan « Demain se construit aujourd’hui ». Pourquoi ? Parce que c’est le rôle de la jeunesse de penser aujourd’hui le monde de demain.
Le monde bouge dans ses idées, ses modes de communication, ses habitudes de consommation, ses profils d’installés, sa géopolitique, et tant d’autres phénomènes qui nous bousculent, même nous, qui sommes pourtant encore considérés comme jeunes. Il faut donc adapter nos structures à ce bouleversement.
Le syndicat JA semble être monté en puissance et porte des idées qui ont un réel impact auprès des décideurs. Tant mieux ! Mais cette dynamique retombera sans l’engagement de nos adhérents. Il faut faire porter ce mouvement par des jeunes impliqués à tous les échelons et prêts à prendre leurs responsabilités.
Car si nous ne prenons pas de risque nous pourrions perdre encore plus. Si nous ne changeons pas le monde, nous subirons les changements. J’avais déjà appelé les décideurs à prendre leurs responsabilités, les agriculteurs aussi, j’appelle maintenant les Jeunes Agriculteurs à le faire.
Tous les agriculteurs bénéficient de notre action sans forcément adhérer à notre organisation, mais imaginent-ils ce qu’il se passerait si JA n’existait pas ? Aurions-nous eu toutes ces réformes à venir par exemple ? L’agriculture a de beaux jours devant elle, mais elle ne ressemblera pas à ce qu’elle est aujourd’hui, et encore moins à ce qu’elle était hier. Donc je le martèle : travaillez, faite des choix courageux et exigeants pour adapter notre syndicat à ce monde qui évolue.
J’aurai l’occasion de m’adresser aux nouveaux responsables de Jeunes Agriculteurs lors de ce congrès qui sera le dernier pour moi. Je ne dirai pas forcément « faites mieux » car il faut rester humble. On peut faire des erreurs, le plus important reste d’apporter sa pierre à l’édifice. Dès aujourd’hui, ici, je veux déjà les exhorter à prendre leur destin en main avec ce message : « Faites et, surtout, faites le changement ».
Arnaud Gaillot
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