Planifier et cibler : à quand une feuille de route de l’agriculture française ?

Pierrick HorelPrésident

C’est un fait, certains modèles agricoles ne sont plus adaptés aux nouvelles donnes économiques, sanitaires, climatiques de leurs territoires. Les grands plans d’aide d’urgence s’enchainent pour répondre aux crises mais fonctionnent de moins en moins. On ne peut pas continuer ainsi indéfiniment, car la situation est déjà inquiétante dans certains territoires.

On constate par endroits un décrochage du nombre d’installations et, parmi les agriculteurs qui persévèrent, certains ne pourront pas rembourser leurs Prêts Garantis par l’État ! L’agriculture de certains départements pourraient même subir ce que des départements du Nord notamment ont connu avec la désindustrialisation.

Face à un constat alarmant, j’ai eu l’occasion d’assumer récemment une vision qui me semble importante : il vaut mieux des aides ciblées pour ceux qui pourront se relever plutôt que des grands plans qui ne seraient qu’un pansement sur une jambe de bois pour certains. Nous devrons donc faire de la dentelle et des choix difficiles par un plan d’accompagnement des agriculteurs dont les exploitations sont complètement à revoir, qui pourrait prendre la forme d’un dispositif d’aide au passage de relai ou à la reconversion professionnelle. Aider oui, mais ne pas s’acharner ! Ces aides conjoncturelles doivent nous permettre de faire face à cette situation compliqué pour mieux construire le futur.

Je ne parle pas d’un « plan social » pour baisser les bras face aux difficultés et sauver ceux qui seraient en grande détresse. J’appelle plutôt à prendre les décisions courageuses et pragmatiques pour notre souveraineté alimentaire. Face aux crises climatiques, économiques, sanitaires il faut planifier et accompagner l’agriculture de demain qui sera faite de nouveaux visages, de nouveaux modèles et de nouvelles façons de travailler.

L’évolution des formes d’organisation du travail dans les exploitations est déjà en cours avec la montée en puissance du salariat ou l’apparition de nouvelles formes sociétaires, répondant à des envies de vie différentes ou une aspiration à des structures plus diversifiées. L’agriculture française réussira en mobilisant ceux qui se seront réorientés. Car ils ont les compétences et les talents. Car ils ont toujours un avenir dans le secteur !

La bascule démographique sera justement une opportunité pour accélérer l’évolution des modèles vers des agricultures plus durables sur les plans économiques, sociaux et environnementaux tout en ramenant de la valeur dans les exploitations.

Les décideurs publiques, les coopératives, les banques privées et publiques doivent contribuer à cette planification globale que nous demandons pour une diversité de modèles plus résilients. C’est en ce sens notamment que nous proposions les plans et contrats d’avenir et un livret d’épargne souveraineté alimentaire. C’est en ce sens aussi que nous travaillerons cette année sur la coopération et le mutualisme dans notre rapport d’orientation.


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