Un enjeu démographique sans précédent
Lors de l’élection présidentielle, les débats autour de l’agriculture se cristallisent trop souvent sur des sujets clivants. Mais n’oublions pas les enjeux fondamentaux de notre Nation qui peuvent rassembler car il s’agit ici d’un secteur stratégique pour la France. D’abord parce qu’elle est indispensable à notre souveraineté alimentaire, ce qui a été particulièrement souligné durant la crise sanitaire, et parce que notre pays est une puissance agricole majeure, contribuant positivement à la balance commerciale pourtant déficitaire.
En 1982, la France comptait 1,6 million d’agriculteurs (7,1% de l’emploi total). Ils sont aujourd’hui près de quatre fois moins. Cette baisse s’est jusqu’à maintenant stabilisée à maximum 2% par an. Malgré un certain volontarisme de la France pour installer plus de jeunes, l’agriculture connaît un bouleversement démographique considérable qui va s’accélérer dans les années à venir. En effet, 45% des agriculteurs seront en âge de partir à la retraite d’ici la fin du prochain quinquennat. Il faut se préparer à une vague de 215 000 potentiels départs à la retraite, alors que la dynamique actuelle d‘installation ne permettrait même pas d’en remplacer la moitié d’entre eux.
Dans une optique réaliste, Jeunes Agriculteurs estime qu’un soutien des pouvoirs publics est nécessaire pour pouvoir espérer qu’au moins 2 départs à la retraite sur 3 soient compensés par une installation.
Dans les 5 ans à venir, il sera donc nécessaire d’aller plus loin et de créer les conditions pour former et installer 150 000 chefs d’exploitation, tout en s’appuyant sur le dispositif à l’installation en poursuivant l’objectif de 10 000 installations aidées par an d’ici 2027.
Jeunes Agriculteurs propose ainsi aux candidats à l’élection présidentielle de se saisir de ces données, de les porter au débat et de formuler des propositions. Chacun aura sa réponse pour dire comment, en 5 ans, il ou elle souhaite poser les bases de notre souveraineté alimentaire qui repose sur des agricultures durables.
Des propositions ambitieuses mais réalistes et atteignables
Après avoir publié une courte note de travail préliminaire en décembre 2021 nous proposons une version complète du « programme » de Jeunes Agriculteurs pour retrouver une croissance démographique, indispensable face aux différents enjeux qui se dressent devant nous. Environnemental et climatique d’abord. Les préoccupations sont grandissantes et placent l’agriculture à la croisée des défis. Les agriculteurs apparaissent ainsi comme la solution pour stocker du carbone dans les sols, préserver les ressources naturelles et assurer le maintien de la biodiversité.
Un défi social ensuite, pour maintenir des femmes et des hommes sur les territoires, artisans d’un tissu économique dynamique et pourvoyeur d’emplois.
Economique enfin. Le résultat des exploitations agricole et le revenu des agriculteurs sont toujours en berne. Il faut déployer les solutions pour assurer une meilleure situation économique du secteur.
Tous ces défis ne pourront être relevés que par la présence d’agriculteurs nombreux sur les territoires. Cela exige donc à la fois d’attirer des publics de différentes origines par une promotion des métiers renforcée, de leur apporter une formation professionnalisante de qualité mais aussi d’identifier la meilleure façon de les accompagner dans leur projet d’installation et d’assurer une transmission sereine des entreprises. Prérequis à cela, il est indispensable de préserver les terres agricoles et d’en faciliter l’accès aux porteurs de projets pour garantir, sur des fermes à taille humaine, des agriculteurs nombreux sur l’ensemble de nos territoires. Nous proposons également de mieux cibler les soutiens et politiques publiques vers ceux qui font l’agriculture et participent à un modèle durable en définissant de manière stricte ce qu’est un agriculteur actif.
Aussi, ce manifeste va plus loin, en proposant aussi une vision globale de tous les enjeux pour la jeunesse agricole, notamment développer la résilience de l’agriculture française en assurant une meilleure structuration des filières, en élaborant des partenariats qui permettent une construction des prix couvrant les coûts de production et en déployant une politique ambitieuse de prévention et de gestion de l’ensemble des risques qui touchent les exploitations. La résilience du secteur passe également par la préservation des ressources naturelles et la lutte contre le changement climatique. L’agriculture et les agriculteurs sont porteurs de solutions, les pouvoirs publics doivent les accompagner et les valoriser. Autant d’enjeux qui doivent être appréhender au niveau européen mais aussi international pour mener une action globale et garantir une alimentation de qualité et en quantité à l’ensemble des populations.
Nous ne défendons pas qu’une catégorie de la population. Nous défendons la liberté de devenir agriculteur, une aspiration que nous avons eue mais que des milliers de jeunes n’ont pas encore.
Directement impactée par le renouvellement générations, nous défendons la souveraineté alimentaire française et européenne, qui est liée aussi aux questions de santé, de pouvoir d’achat et à la sécurité même des citoyens.
Encore faut-il d’abord s’assurer que la relève agricole soit bien là !
Continuer la lecture...