Le 26 mai nous avons rendez-vous avec l’Europe. Un rendez-vous que près de 3 jeunes sur 4 risquent de manquer, si l’on en croit certaines prévisions, confortant le triste score de 2014 et montrant l’étendue du désintérêt, voire de la défiance d’une grande partie de la jeunesse.[1] Alors en tant que Président du syndicat Jeunes Agriculteurs récemment élu, en tant que jeune, agriculteur et citoyen, je vous explique pourquoi j’irai voter.
La défiance envers l’Europe est bien là, grandissante. Et pourtant, nombreux sont les faits qui rappellent tout ce que l’Europe nous a apporté depuis sa construction. D’abord, la paix. N’oublions pas trop vite qu’il y a tout juste 80 ans, nos grands-parents connaissaient le début du deuxième conflit mondial, y usant leur jeunesse, pour ne pas dire leur vie. N’oublions pas trop vite qu’il a fallu reconstruire une bonne partie de l’Europe et assurer une productivité suffisante pour nourrir une population croissante et au fil des ans de plus en plus urbanisée. Devant les étals pleins et le nez sur nos écrans, nous avons parfois tendance à l’oublier.
N’oublions pas trop vite que la Politique agricole commune (PAC), l’une des premières politiques intégrées à avoir vu le jour et qu’elle a permis de relever de vrais défis : développer la production tout en assurant la stabilité du revenu des paysans et des prix raisonnables aux consommateurs, puis assurer une agriculture plus verte et respectueuse de l’environnement. Vivre en paix et manger à sa faim des aliments durables et de qualité, n’est-ce pas deux raisons suffisantes de croire en l’Europe ?
Alors oui, les buts initiaux ont évolué et les problèmes se sont accumulés. Depuis les élargissements successifs et la multiplication des objectifs et des intérêts, parfois divergents, l’Union s’est complexifiée, technocratisée, divisée, ressemblant parfois plus à un patchwork d’idées qu’à une véritable union. Faut-il pour autant tout jeter à la poubelle ? Faut-il pour autant ne pas aller voter ? Ou voter « contre » ?
Bien au contraire. C’est justement parce que la défiance est grandissante, parce que les taux d’abstention sont proches du plafond qu’il faut prendre son destin en main. Il est bien plus facile de rester les bras croisés, de critiquer ou de s’indigner sur les réseaux sociaux que de s’engager. Nous voyons ce que donne cette attitude. Regardons outre-Manche : le Brexit et ses méandres, avec d’infinies négociations, et l’incrédulité, qui a laissé la place au regret exprimé par une grande partie de la population britannique… Mais il est trop tard pour eux !
Pour ne pas qu’il soit trop tard pour nous, jeunes, agriculteurs, citoyens, allons voter ! Prenons notre destin en main ! On me demande parfois pour qui voter. Ce n’est pas à moi de le dire. C’est à chacun de se poser la question de la vie qu’il souhaite, de l’Europe qu’il souhaite. Voulons-nous une Europe divisée, repliée, où chaque nation défie l’autre en se regardant en chien de faïence ?
Ce que je peux dire, c’est que moi, jeune, agriculteur, citoyen engagé, je veux une Europe unie, démocratique, harmonisée, ambitieuse, avec une vision et des objectifs clairs (pour son agriculture mais pas uniquement), une Europe dans laquelle les consommateurs continuent à avoir accès à une alimentation saine, diversifiée et durable, une Europe dans laquelle les paysans, nombreux, vivent de leur métier, une Europe dans laquelle chaque jeune qui souhaite s’installer peut le faire. Une Europe qui offre des perspectives aux jeunes, à tous les jeunes.
Certes, ce n’est pas facile à faire, mais chacun doit apporter sa pierre à l’édifice pour y arriver. Chaque citoyen en allant voter, et chaque élu en nous représentant au Parlement.
Nous ne reviendrons pas à l’époque de nos grands-parents et c’est tant mieux. Mais nous avons un avenir à construire en mêlant à l’expérience de nos prédécesseurs notre inventivité, l’écoute de nos concitoyens, pour assurer aux futures générations la paix, la démocratie et la sécurité alimentaire. Il y a encore tant à faire ! Pour l’agriculture, pour l’Europe, allons voter !
Voir notre manifeste
[1] Sondage IFOP pour l’Anacej d’avril 2019 (jeunes = 18-24 ans). Selon le sondage réalisé par TNS Opinion dans 28 Etats-membres à l’issue des élections européennes de mai 2014, seul 1 jeune sur 4 (18-24 ans) avait déclaré avoir voté.
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