A la veille de la 56ème édition du congrès de Jeunes Agriculteurs qui élira une nouvelle équipe nationale, le président Samuel Vandaele, qui s’apprête à quitter le syndicat, s’est livré au JA Mag sur son parcours au sein du réseau JA, devenu pour lui une « grande famille ».
Comme beaucoup de Jeunes Agriculteurs, je suis entré chez JA par la porte des festivités. C’est le Festival de la Terre organisé par JA Seine-et-Marne qui m’a poussé dans les bras du syndicat en 2009 ! Mais l’engagement faisait déjà partie de mon ADN. Ayant été élevé par des parents très engagés, j’étais baigné dedans depuis tout petit. C’est donc assez naturellement que j’ai pris des responsabilités chez JA. D’abord élu au niveau cantonal, puis départemental et régional, j’ai rejoint l’échelon national il y a 8 ans déjà, dans un premier temps en tant que secrétaire général adjoint, puis secrétaire général et finalement président, il y a 3 ans. Je n’aurais pu assurer ces fonctions au niveau national sans avoir la légitimité syndicale à l’échelle de mon territoire. C’est mon département et ma région qui m’ont incité à aller plus haut ! Aujourd’hui, je suis président du syndicat Jeunes Agriculteurs, certes, mais je suis avant tout adhérent du canton de Brie Mormant Nangis, agriculteur et chef d’entreprise !
Promouvoir les métiers de l’agriculture
Durant tous mes mandats, je me suis attaché à être acteur de l’engagement. C’est une expérience formidable de pouvoir travailler au service de l’agriculture et de nos adhérents. La force de JA, c’est d’être capable de bousculer les codes sur un certain nombre de sujets, d’affirmer son mécontentement, mais toujours en l’accompagnant de propositions dans l’objectif de faire évoluer les choses. C’est aussi et surtout de travailler sur des sujets prospectifs. Même si les crises successives que nous traversons depuis deux ans nous ont contraints à nous concentrer sur l’actualité, nous n’avons pas pour autant délaissé le prospectif. La preuve, avec la mise en place de la campagne de communication Les Entrepreneurs du Vivant qui me tenait particulièrement à cœur, ou encore la création du fonds de dotation Terres Innovantes, auquel je croyais énormément. Quant au lancement de l’association Demain je serai paysan, c’est également une belle réussite ! Tous ces projets sont essentiels pour attirer de nouvelles personnes dans nos métiers, qu’ils soient salariés, mais aussi, et surtout agriculteurs chefs d’entreprise.
Voir toujours plus loin
Une autre sujet prospectif qui m’a animé durant mon mandat de président, c’est celui du carbone. Enfin, nous sommes parvenus à l’organisation d’un marché structuré volontaire porté par la profession agricole, à destination de l’ensemble des agriculteurs qui souhaitent engager leurs exploitations dans la transition. L’objectif d’avoir des exploitations plus résilientes et autonomes ne pourrait être atteint sans des agriculteurs chefs d’entreprises qui font des choix pour faire évoluer leurs systèmes de production. Car être agriculteur aujourd’hui, c’est avant tout être un chef d’entreprise qui a le goût d’entreprendre et est capable de s’adapter. Il faut être fier de cela !
Ces dernières années, nous nous sommes aussi beaucoup battus à propos des États généraux de l’alimentation. Je regrette toutefois qu’il ait fallu passer par une loi Egalim 1 puis 2, car on a perdu beaucoup de temps. C’est assez déroutant de constater que l’on vit dans une société de consommation qui considère que son alimentation est annexe. J’espère vraiment qu’il va y avoir un changement de cap sur ce sujet.
Si je devais formuler un regret concernant ce mandat-là, ce serait que JA ne soit pas allé assez loin sur l’aspect transmission des exploitations agricoles. Il y a un super travail qui a été fait de la part du groupe installation sur la transmission, mais nos propositions n’ont pas suffisamment été reprises au sein du gouvernement. Cependant, la prochaine mandature est prête pour mener un vrai plan de bataille sur la transmission.
Une expérience inouïe
Malgré le changement d’âge d’éligibilité porté à 38 ans lors de la dernière Université d’Hiver, j’ai fait le choix de ne pas me représenter pour un prochain mandat. Cela fait 8 ans que je suis au national, et j’estime que c’est le bon moment pour moi de passer la main. L’essence de JA, c’est d’être en perpétuel renouvellement, et c’est grâce à ce fonctionnement que de nouvelles idées émergent constamment dans le réseau. Mais je sais que cela va être très dur de quitter JA. C’est une grande famille, et durant tous mes mandats c’est quelque chose qui m’aura vraiment fasciné de pouvoir partager, dialoguer et débattre, lors des assemblées générales notamment. J’ai adoré qu’on me challenge, qu’on me pousse dans mes retranchements. Ce qui est extraordinaire, chez JA, c’est qu’on peut être parfois un peu durs entre nous la journée, quand on débat de positions politiques ou techniques, mais le soir, quand on se retrouve et qu’on boit un verre ensemble, il n’y a plus qu’une seule chose qui compte, c’est qu’on est tous JA ! Le message que je veux adresser aux jeunes, c’est de nous rejoindre, avec les capacités d’engagement qu’ils ont. S’ils sont motivés, ils pourront se doter de moyens pour y parvenir. Il faut le vivre pour y croire, c’est une expérience inouïe.
*
*
[Merci au JA Mag pour nous mettre cette tribune à disposition]
Continuer la lecture...
