Adoptons le bon sens paysan

Pierrick HorelPrésident

La dissolution de l’Assemblée nationale et la période qui s’en est suivie ont fait perdre à bon nombre de citoyens leurs repères quant à notre avenir. Une situation que traverse également la jeunesse agricole qui plus est confrontée à de nombreux défis: changement climatique, revenu insuffisant, pression foncière, contexte géopolitique, évolution des modes de consommation…  Ce qui alimente beaucoup de frustrations et le sentiment d’être incompris alors que notre métier a tant de sens !

Les jeunes agriculteurs, tout comme les autres acteurs de la société, ont besoin de stabilité et de visibilité pour pouvoir envisager l’avenir sereinement. Il faut une vision claire et cohérente de l’avenir de l’agriculture et, en adéquation, mettre en place des mesures concrètes pour accompagner les nouvelles générations. Malheureusement, je constate beaucoup de prises de position et d’injonctions absurdes, dictées par des motifs politiciens, hors-sol ou court-termistes.

Nous qui touchons à tous les aspects de nos entreprises et devons penser nos actions sur le temps long du fait des cycles naturels. Nous qui prenons parfois seuls les décisions stratégiques sur nos fermes. Nous qui les mettons personnellement en pratique, en conciliant vision globale et facteurs techniques. Nous savons que pour avancer, il faut savoir regarder avec lucidité une situation et se retrousser les manches. C’est du bon sens paysan.

Ce bon sens paysan, il est grand temps que les politiques l’adoptent car l’agriculture française et européenne trépigne d’être mieux protégée. Nous avons des propositions concrètes en ce sens que les décideurs peuvent reprendre à leur compte. Ce sont 8 engagements avec lesquels, j’en suis convaincu, les différents courants politiques peuvent trouver des convergences.

Parmi les plus urgents, je pose sur la table la réforme des politiques d’installation et de transmission pour accueillir des jeunes plus nombreux et mieux formés face au contexte démographique et climatique. La fameuse loi issue du Pacte d’orientation et d’avenir agricole est en navette pour le Sénat : allons jusqu’au bout pour respecter le travail effectué depuis 2 ans !

Nous sommes également moteurs sur des sujets urgents et structurants, tels l’évolution du dispositif EGAlim pour mieux sécuriser le revenu des agriculteurs (pourquoi pas par une loi « EGAlim 4 » ?) ou le développement des projets de stockage d’eau.

Après les dernières élections, nous gardons un certain nombre d’interlocuteurs de plusieurs bords, connaisseurs de notre secteur, avec lesquels nous poursuivrons le travail. Mais j’observe malheureusement une Assemblée nationale plus divisée que jamais et encore une diminution du nombre d’agriculteurs dans l’hémicycle. Si je le regrette, j’y vois là un renforcement de notre légitimité de syndicat. En tant que corps intermédiaire jeune, dynamique, passionné, je compte sur notre réseau pour donner toute son énergie pour accompagner les parlementaires, expliquer, convaincre, sans préjugés, la tête froide et en gardant nos objectifs en tête.

Bref, avec du bon sens.


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