Le printemps 2024 a marqué un tournant climatique pour les agriculteurs français. Classé comme le 4e printemps le plus pluvieux depuis 1959, il s’est distingué par son déficit d’ensoleillement, atteignant près de 20 % à l’échelle nationale et jusqu’à 30 % dans le nord-est de la France. Ces conditions météorologiques difficiles ont profondément affecté les cultures, entraînant une baisse significative des rendements pour plusieurs productions agricoles majeures.
Des conditions climatiques extrêmes
De nombreuses régions françaises ont été frappées par des pluies régulières et continues, avec une augmentation des précipitations de 40 % en moyenne par rapport aux 20 dernières années. Les agriculteurs ont dû jongler avec ces intempéries incessantes, adaptant leurs interventions sur les cultures dans des fenêtres souvent réduites et incertaines. Outre les pluies, la pression des adventices (mauvaises herbes) et des maladies s’est avérée particulièrement forte cette année. À cela s’ajoute un manque d’ensoleillement, qui a directement impacté le remplissage des grains, notamment pour les céréales.
Une baisse marquée des rendements
Les conséquences de ces conditions climatiques extrêmes se sont traduites par une baisse des rendements dans la plupart des cultures. Selon les dernières estimations publiées par FranceAgriMer, la production de blé tendre pour 2024 a chuté de 26 % par rapport à 2023, et de 24 % par rapport à la moyenne quinquennale de 2019 à 2023. Malgré une qualité encore jugée correcte pour la meunerie et la malterie, cette année a nécessité un travail plus intensif de tri et de sélection, augmentant ainsi les coûts pour les collecteurs.
La production de blé dur a, elle aussi, fortement reculé, affichant une baisse de 17 % par rapport à la moyenne 2019-2023. Les orges d’hiver ont connu une diminution de 15 %, tandis que la production d’orges de printemps a été un peu moins impactée, avec une baisse plus modérée de 6 %. Ces baisses généralisées s’expliquent non seulement par les conditions climatiques difficiles, mais aussi par les perturbations survenues au moment des semis, notamment pour les cultures de printemps.
Protéagineux et viticulture touchés de plein fouet
En ce qui concerne les protéagineux, la baisse est encore plus significative, avec une réduction des surfaces cultivées de 18 % par rapport à 2023. Les pluies persistantes ont rendu les semis particulièrement complexes, limitant ainsi les surfaces emblavées.
La viticulture n’a pas été épargnée non plus. Les prévisions annoncent une baisse de 18 % de la production viticole par rapport à 2023, et de 11 % par rapport à la moyenne quinquennale. Certains des bassins viticoles les plus réputés ont été particulièrement affectés. Les vignobles du Jura, des Charentes, du Val de Loire, et des régions Beaujolais-Bourgogne sont parmi les plus touchés, voyant leur potentiel de production fortement réduit en raison des aléas climatiques.
Adaptation et résilience face aux défis
Cette année exceptionnelle souligne une fois de plus l’importance de l’adaptation des pratiques agricoles face aux changements climatiques. Malgré les efforts déployés pour pallier ces conditions, la combinaison des fortes précipitations, de la pression accrue des maladies, et du manque de soleil a fait de ce printemps/été 2024 une année particulièrement difficile pour les agriculteurs français.
Les prochaines récoltes devront également s’adapter à ces défis, alors que les professionnels continuent d’explorer des solutions pour minimiser l’impact des aléas climatiques sur leurs cultures et leurs rendements futurs.
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