En annonçant une suite des Etats généraux de l’alimentation en trois temps – signature d’une charte d’engagement par l’ensemble des acteurs, remise de plans de filières et dépôt d’un projet de loi – le Président de la République a renvoyé chacun à ses responsabilités.
Il a d’abord mis carte sur table en annonçant un volet de mesures économiques pour « changer de paradigme » en construisant les prix à partir de l’amont et d’indicateurs de coûts de production : regroupement des producteurs en organisations commerciales, contractualisation pluriannuelle, encadrement des promotions, hausse du seuil de revente à perte sont autant d’annonces qui vont dans le bon sens.
Franchie la porte des EGA, que l’Etat n’oublie pas, en revanche, son engagement en faveur des producteurs ! L’actualité nous montre que les contradictions sont foison : lissage des régimes sociaux au détriment des agriculteurs dans le Projet de loi de financement de la sécurité sociale, tergiversations à tous niveaux sur le glyphosate, discussions autour de l’accord UE-Mercosur… Nous ne sommes pas naïfs, mais attendons un minimum de cohérence dans les orientations des décideurs publics !
Le ministère de l’Agriculture, lui, a finalement réussi à réunir les 18 représentants des producteurs, coopératives, industriels et distributeurs pour qu’ils signent (enfin !) la charte d’engagement « pour une relance de la création de valeur et pour son équitable répartition au sein des filières agroalimentaires françaises ». Il était temps ! Nous avions appelé cette signature de nos vœux, dans l’esprit de construction qui nous a animés depuis le début des discussions.
D’ici le 10 décembre, juste avant la clôture des Etats généraux, ce sera au tour des filières de remettre au ministre Stéphane Travert leur stratégie de développement à 5 ans, avec le double objectif de permettre aux agriculteurs de mieux vivre de leur métier et de répondre aux attentes des consommateurs. Et c’est là que nos interprofessions entrent en scène, c’est là qu’elles engagent leur responsabilité.
Ces organisations, qui rassemblent l’ensemble de la chaîne, généralement du producteur au distributeur (et dont le lien avec les consommateurs devrait être développé et précisé par la future loi), avancent de façon inégale sur ces plans de filières. Mais nous en attendons beaucoup. Ces plans doivent définir une vision stratégique lisible, réaliste et ambitieuse pour chaque filière. Nous avons bien compris qu’il ne s’agit pas seulement de remettre un devoir au gouvernement en échange d’engagements législatifs ou réglementaires, il s’agit de prouver que les acteurs économiques de l’interprofession sont les mieux à même, ensemble, de définir un cap. Les interprofessions ont toutes les cartes en main pour réaliser un travail à la hauteur des enjeux.
Au premier semestre 2018, le gouvernement mettra sur la table un projet de loi, auquel nous serons particulièrement attentifs. Chacune de ces étapes doit être franchie avec l’ensemble des acteurs, dans un esprit positif, tourné vers l’avenir, pour que, demain, les paysans soient encore nombreux à produire notre alimentation et celle de nos enfants, une alimentation saine, de qualité, durable, qui anime et fait vivre nos territoires, qui nous fait vivre.
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