Alors que le premier chantier des Etats Généraux de l’Alimentation, consacré au partage et à la création de valeur, se termine, c’est l’heure du bilan intermédiaire. Et nous ne voudrions surtout pas qu’un malentendu s’établisse entre agriculteurs et consommateurs.
Après avoir échangé, au fil des réunions, sur la chute du revenu agricole, le problème de la construction des prix, du faible poids des agriculteurs dans les négociations commerciales, constats sur lesquels tous les acteurs se sont entendus, c’est le moment de poser des solutions sur la table pour changer la situation, pour que ces Etats Généraux de l’Alimentation, voulus par le Président de la République, ne soient pas sans effet. Il est tout autant indispensable que ces solutions soient bien comprises de tous.
Il y a bien un distributeur dans son coin qui, non content de sa position de leader, se cache derrière vous pour ne pas remettre en question sa stratégie délétère de pression sans merci sur ses fournisseurs. Ses « prix bas » revendiqués ont un coût. Un coût pour tous ceux qui sont à l’origine des produits, qui prennent des risques, qui investissent et travaillent chaque jour sans relâche : les agriculteurs. Mais aussi un coût pour tous les transformateurs, pour son secteur et au final pour l’ensemble de notre économie. Ne peut-on pas attendre d’un patron de grande entreprise française qu’il ait le souci de la pérennité de sa filière ? Qu’il soit force de propositions lors des débats ?
Nous le redisons : l’alimentation a un prix ! Et ce n’est pas cette course effrénée au moins disant qui conduira à une redynamisation des campagnes, avec des paysans nombreux, rémunérés de façon juste. Ce n’est pas la course aux prix bas qui garantira une alimentation sûre, saine, de qualité et durable, les principaux défis à relever dans la seconde phase de ces Etats généraux de l’alimentation qui s’ouvrent aujourd’hui.
Ne nous trompons pas de combat : les solutions résident dans la façon d’organiser les filières alimentaires, avec une remise en question à chaque maillon. Permettre, pour les produits de base, aux producteurs de se regrouper pour peser davantage face aux industriels et distributeurs. S’assurer, tout au long de la chaîne de valeur, d’une répartition équitable des marges en commençant par mettre en place des contrats équitables entre toutes les parties, intégrant les coûts de production et sanctionnant les prix abusivement bas. Promouvoir l’offre française et favoriser l’approvisionnement local des collectivités. Autant de solutions concrètes à mettre en place dès maintenant.
Après avoir participé de façon active et constructive à l’ensemble des réunions et proposé ces solutions, qui ont été bien accueillies par une majorité d’acteurs, nous attendons que le Président de la République nous annonce qu’elles seront mises en œuvre, pour le bien de tous. Non pas pour enrichir ceux qui se gavent depuis de trop nombreuses années sur votre dos et celui des paysans, mais pour assurer un avenir meilleur à nos campagnes et à nos assiettes.
Vous aussi devez être conscients que l’alimentation, qui est à la base de notre santé, de nos paysages, de notre économie rurale, a un prix. Lorsque vous faites vos courses, que vous ayez en tête le budget serré, le moment de plaisir que vous voulez vous offrir ou l’acte militant, pensez à l’impact de vos choix. En amont de la chaîne, il y a les paysans, qui doivent pouvoir vivre de leur métier.
En tant que représentant des jeunes générations, je peux vous affirmer que les producteurs sont prêts à s’adapter aux attentes des consommateurs. Combien autour de moi innovent, changent leurs pratiques culturales, transforment les exploitations qu’on leur a transmises ? Mais pour envisager des modes de production différents, le secteur a besoin de sortir de la crise dans laquelle il se trouve depuis bien des années. Il a surtout besoin de retrouver la confiance, de savoir que ses efforts lui profiteront, profiteront aux consommateurs et aux citoyens et ne seront pas une nouvelle fois absorbés par des intermédiaires aux comptes opaques.
Tout le monde se dit prêt à être solidaire de l’amélioration du revenu des agriculteurs. Alors passons aux actes.
Cette tribune a été publiée sur le blog du Figaro.fr
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