Monsieur le président de la République, vos récentes déclarations sur le TAFTA suscitent chez nous, Jeunes Agriculteurs des sentiments partagés, entre doute et reconnaissance. Oui, nous devrions vous dire merci de montrer avec fermeté la position française dans les négociations du TAFTA auprès de vos homologues et de défendre les spécificités de l’agriculture française. Nous devrions être satisfaits de vous voir sonner la charge la semaine dernière contre le projet de partenariat économique entre l’Union européenne et les Etats-Unis, en menaçant implicitement de le bloquer si Bruxelles n’obtenait pas de concessions de Washington. Ces prises de positions politiques ne suppriment pas toutes les inquiétudes chez nous, Jeunes Agriculteurs.
Pourquoi autant d’opacité derrière ces négociations ? Va-t-on encore demain découvrir par une ONG divulguant des documents confidentiels à quelle sauce nous allons être mangés ? La France peut-elle seule stopper définitivement les négociations alors qu’il y avait en 2013 unanimité entre les Etats membres pour donner un mandat de négociation à la Commission ? N’y-a-t-il pas un risque de voir la partie strictement commerciale de cet accord, passée en force par la Commission européenne, sans que celui-ci ne soit soumis à ratification par les Etats membres parce que le champ commercial ne relève pas de leurs compétences ? Bruxelles négocie également en ce moment un accord commercial avec le Mercosur. Quel est l’objectif de l’Union européenne dans cette négociation ? Comment la Commission européenne a-t –elle-pu, pratiquement jusqu’au dernier moment, persévérer à vouloir proposer des contingents supplémentaires sur la viande ? Le TAFTA a-t-il des chances d’aboutir ? Monsieur le Président, nous voulons savoir. Les questions de commerce international décidées à l’échelle européenne impacteront directement demain agriculteurs comme consommateurs français.
Vous ne cessez de rappeler l’exception française agricole au travers de nos différentes appellations d’origine mais compte tenu des prises de position françaises dans les négociations commerciales, nous sommes inquiets. Tout nous laisse à croire que les négociateurs ne voient dans la défense des appellations qu’une monnaie d’échange : les Américains pourraient reconnaitre nos appellations d’origine en négociant par exemple, des contingents d’importation supplémentaires de viandes vers l’Europe. La France a défendu une quarantaine d’IGP dans l’accord commercial négocié entre le Canada et l’UE mais a laissé filer les contingents d’importations de viande, ce qui nivèlera tôt ou tard vers le bas les cours de la viande bovine. En 2013, l’Union européenne a autorisé le lavage des carcasses de viande à l’acide lactique, un message à peine caché en faveur des viandes américaines ! Pourtant, Paris ne s’était pas bruyamment soulevé sur ce sujet.
Depuis 3 ans, nous alertons aux côtés de nos confrères européens, sur les préjudices que pourraient avoir ces accords commerciaux sur l’agriculture française. Aussi bien les consommateurs, que nous, en tant que représentants d’avenir de l’agriculture, avons besoin d’avoir des éléments précis sur ces négociations. Alors, à vous maintenant !
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